Lionel TERRAY terminera son hymne à la montagne "les conquérants de l'inutile" par ces qqs mots d'une grande candeur.
J'aurais aimé écrire ces mots, j'aurais aimé ouvrir cette ligne. L'ouverture de la voie "Les délinquants de l'inutile" est à sa façon une voie signifiant la reprise du flambeau d'un alpinisme désintéressé, loin de nos contraintes matérielles et sociales.
Benoit DANDONNEAU, Christian RAVIER, et Rémi THIVEL n'ont pas fait sortir de terre cette ligne parfaite en Mars 1994, ce trait blanc attendait simplement, tous les 10 ans que quelqu’un le remarque. Sa vision par contre, a su déclencher en eux,l'envie d'y laisser une trace. Y associer ce nom "les délinquants de l'inutile" signe, je pense un profond respect de l'engagement, du sens de la cordée, de l'esthétique que propose cette ligne.
L'image ci-dessus à était réalisé grâce au super-zoom de JOJO. Il est photographe, c'est pour ça...le zoom.
Sur-excité, il m'appelle depuis sa planque secrète d'observation de la face. David, il faut y aller, c'est énorme, rien à voir avec 2003. Nous avions en effet buté au pied du surplomb en Mars 2003, car nous avions piscine l’après-midi et pensions ne pouvoir être à l'heure au cours.Enfin bref, voici la suite:
En ces premiers jours de janvier, nous faisons une tentative avec Vivien Horcholle .
La montagne est pour nous seul. Nous attaquons à la mi-journée projetant de bivouaquer dans la face, ne sachant pas si l'approche jusqu'au pied est galère, ne sachant pas non plus si en effet, les conditions de grimpe sont aussi bonnes que laisse entrevoir l'image de Jojo. les 120 mètres de placages sont raides, mais se négocient assez bien. Sous le surplomb, quelques mètres me conduisent vers une impasse : Il me manque le crochet que mentionne le topo !!! C'est le but...le but je vous dis ! Mes 15 pitons variés, ne me servent à rien pour franchir le mur lisse devant moi. A bout de bras, une réglette ne demande qu'à accueillir un beau crochet à goutte d'eau pour enfin atteindre et pitonner une très fine fissure et poursuivre l'aventure. C'est vers le bas que nous glissons dans la nuit, pas encore délinquants, mais parfaitement inutiles !
NB: Lors des répétitions respectives (Mars 2003) de Jérôme en solo suivi le lendemain de Romain Wagner et Pierre Bogino, c'est une variante enneigée de qqs mètres à droite, puis la fin de l'artif qui sera empruntée. Nous avons quant à nous, suivi l'artif original de Christian Ravier qui consiste à passer tout droit.
C'est au petit jour que je me lance dans le surplomb, impatient de placer le fameux crochet, qui me donne en effet accès à ce bout de fissure insignifiant, mais indispensable pour la suite.
Nico attaque à dépitonner les 25 mètres du surplomb. Nos piolets-marteaux à "enfiler les mouches" ne lui facilitent pas la tache !
C'est partis maintenant pour quelques longueurs de placages. raides au début, puis déroulant ensuite.
Avant de buter sur la cheminée des Autrichiens, il reste encore 2 longueurs (70°-85°). C'est bon pour les mollets cette histoire !
Il sera judicieux de quitter la goulotte, pour des placages en "motte de beurre" supers francs et finalement rapides à grimper.
C'est maintenant des pentes plus faciles en neige qui nous font gagner de l'altitude en tirant vers la gauche pour le sommet de l'arête intermédiaire, puis encore à gauche pour les dernieres pentes avants les schistes de sortie.
Ils sont en partie recouvert d'une croute de neige parfaitement inutile ( l'inutilité est le thème principal de cette voie !!) aussi, il faut la dégager avant de trouver la petite réglette pour les mains puis les crampons !! La technique du "pied-mains" vous revient assez vite en général ! Je fais le malin, mais j'ai prévenu Nicolas que ça n'irait pas bien vite, et qu'il risquait de m'entendre hurler assez souvent...à défaut de me voir : il fait nuit noire !
3 heures après et en 2 longueurs, nous sommes tous les deux sur les spits du sommet de l'arête de gaube, au pied du cône terminal.22h30 !.Le sommet nous tend les bras. Un peu mous du jarret, nous plongeons littéralement dans la descente de l'arête de Gaube. Sur le moment, la coupe est pleine et le
sommet ne nous motive plus vraiment.
Aujourd'hui, je me dis que j'y serais bien allé...dommage.
Dans la nuit, le col des oulettes tarde à venir. Nico me rassure grâce à ces récents souvenirs de descente avec Luce au retour de l’éperon nord qu'ils gravirent ensemble l'été 2012.
Sur le plateau des Oulettes, je me colle la mission d'aller chercher nos raquettes non-loin des séracs du glacier...on est plus à ça prés !
On enchaine la descente pour arriver à 5h du mat pont d'Espagne... "c'est qui yan a qui bossent aujourd’hui" ! Au moins, je serais à l'heure à Saint-lary pour aller faire de l'Arva. Nico profitera à la maison, du canapé sous une énorme. couette.
Bon, c'est pas le tout, ce midi, je mange avec mon pote Julien, notre première face nord au Vignemale, c'était ensemble en 1993...et ça ne s'oublie pas !!
Bise. Dav.
Au fait...
Une bonne chaussure pour l'hiver ? la Pro gaiter de chez salewa.